lundi 7 décembre 2009

Roanne - Pro A - A la découverte du coach Choulet

Jean-Denys Choulet est l'un des entraîneurs les plus attachants de Pro A. Un homme franc, loyal, célèbre pour ses coups de gueule, son flair dans le recrutement mais d'abord pour ses résultats. Grâce à lui, en dix ans, la Chorale de Roanne est passée de la Pro B au titre de champion de France (en 2007). Rencontre.

Jean-Denys, qu'est ce qui a changé depuis 10 ans à la Chorale ?
Nos déplacements se passent mieux, on est logés dans de meilleurs hôtels. Il y a une vraie différence car on a le budget qui va avec. On a un président qui fait tout pour nous mettre dans les meilleures conditions. On prend toujours le bus parce qu'on est dans une zone où l'on ne peut pas faire autrement . Mais on se déplace un jour avant, parfois deux en Coupe d'Europe, on a recruté avec une enveloppe plus grosse. Même si cette année, j'ai fait des économies sur tous les postes, on a un budget recrutement qui est intéressant, parmi les bons budgets de Pro A. La perf' qu'on a faite (doublé en 2007) avec le 14e budget est une première et je ne sais pas si elle sera un jour égalée.

Je ne pense pas qu'elle a été relayée à sa juste valeur d'ailleurs, je pense que lorsqu'une équipe comme Pau et Villeurbanne est championne de France, c'est bien. Mais quand on fait ça avec le 14e budget, c'est un exploit authentique. Seulement, nous, on l'a certainement pas très bien vendu, on ne s'est pas assez mis en avant. A la fois par la presse ici mais bon. C'est un exploit, je ne sais pas si on le reverra. Avec le 14e budget et seulement trois Américains et pas quatre, c'était exceptionnel. Le titre et la SDA, c'était vraiment énorme. Alors on a essayé de surfer là dessus avec une nouvelle structure dirigeante pour mettre quelque chose en place qui tienne la route.

La Chorale n'est-elle pas limitée dans son développement par la taille de la ville ?
Moi je pense que le basket dans les grandes villes, quand ça marche, vous m'appelez. J'en ai encore jamais vu, je parle dans les grandes villes françaises, Paris, Marseille, Bordeaux, même l'Asvel, c'est Villeurbanne, pas Lyon (sic). L'exploit c'est le 14e budget, c'est pas la ville de Roanne. Il y a des villes plus petites. J'ai été à Gravelines. C'est 11 000 habitants, voilà, c'est pas une question de villes. Je pense que l'avenir du basket est plus dans les villes moyennes mais ça n'engage que moi. Depuis la saison dernière, on joue à guichets fermés tous les matches.

Olivier Gouez se plaignait récemment qu'à Limoges, il était sans cesse interpellé par la population dans sa vie quotidienne. Ca se passe comment ici ?
Effectivement, quand on a été champions de France, ça a été difficile d'aller faire les courses les 15 jours qui ont suivi. Après, non, les gens nous connaissent, en plus on se cache pas, on est pas des stars. Il m'arrive d'aller boire un coup avec des supporters, on n'est pas molestés, les gens nous respectent.

Avoir ces résultats avec Roanne, c'est une fierté supplémentaire ?
Ce qu'on a fait, personne ne pourra nous l'enlever. Je ne sais pas si moi ou le président nous en allons, est-ce que ce sera mieux ou moins bien. Ce que je sais, c'est qu'on a mis Roanne sur la carte du basket français, ce qui n'existait pas, hormis le titre de 1959 (il montre la bannière accrochée au plafond de Vacheresse). C'est une fierté mais je pense que je savourerais un peu plus tard, dans cinq-six ans. Moi, quinze jours après avoir gagné le titre, je pensais à la suite. Je ne suis pas là à me caresser la bosse et à me retourner vers le passé. On a souvent critiqué les anciens, les vieux, alors on va essayer de pas faire la même chose.

Est-ce que le monde du basket vous a fait sentir plus de respect ? Avez-vous eu des contacts pour aller coacher ailleurs ?
Oui, j'ai eu des contacts (grand sourire). Ca ne m'interesse pas spécialement ces contacts-là. Il y a très peu de clubs qui m'intéressent. Moi je suis bien ici, on me laisse tranquille. J'ai un président qui me colle un budget, je me démerde avec ça pour faire le recrutement, personne ne vient me dire ce que j'ai à faire, je suis pas sûr que tous les coaches voudraient ça. Je ne suis pas toujours très facile pour bosser mais voilà j'ai mes idées, j'ai mon caractère, j'ai du caractère. Ici, je m'exprime comme je veux, comme je l'entend. Il y a aussi des gens qui n'ont pas envie de prendre toutes les responsabilités sur le dos. Moi j'assume et si ça ne marche pas, c'est de ma faute. C'est aussi facile de dire « je suis pas responsable car c'est pas moi qui recrute ».

On a galéré à des moments difficiles financièrement mais j'assume dans la victoire et la défaite. Il faut etre honnete dans la vie et assumer ses choix, ici je peux le faire. J'aurais pu partir, j'irais ptet un jour, certainement, ou alors je finirais ici. Mais je n'ai aucune raison de changer aujourd'hui. Qu'on m'en donne une si ce n'est faire l'Euroligue, le reste, on est aussi bien à Roanne qu'à Orléans.

Qu'est ce qui vous déciderait à partir ?
Y a des expériences intéressantes mais si je partais d'ici, ça me plairait bien d'aller à l'étranger. Pour le reste, il y a eu des contacts avec de très grands clubs français, ça ne s'est pas fait. Roanne en est devenu un donc ce n'est plus comme à l'époque où on était 10-14e de Pro A, là les contacts étaient intéressants. Mais le travail à l'époque était beaucoup plus difficile qu'aujourd'hui. A l'époque, on avait un budget de pro B et des joueurs de Pro B sans vouloir dire de mal. Mais il fallait s'en sortir, tout le monde ne l'a pas fait. D'autres clubs eux n'ont pas réussi et aujourd'hui, sont en Pro B.

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