mercredi 19 mai 2010

Limoges - Forte - "On pense que notre place est en Pro A"

Frédéric Forte est l'un des dirigeants les plus affables du basket français. Toujours le sourire aux lèvres, il vient saluer la presse avec plaisir et partager quelques anecdotes. Présent à Gottingen pour le Final Four de l'Eurochallenge (où il nous a répondu) mais aussi à Bercy pour les finales de Coupe de France, il porte les couleurs de Limoges dans toute l'Europe. Avec l'ambition chevillée au corps, quitte à afficher une arrogance qu'il revendique.

- Comment va le CSP ?
Ca commence à aller bien. On sait que c'est très important cette année et avec la 2e place, on va bénéficier de l'avantage du terrain jusqu'à la finale. On va jouer les playoffs pour gagner le titre de champion de Pro B. C'est vrai que Pau a dominé la saison régulière mais on a l'équipe pour.

- On rêve déjà d'une finale contre Pau. C'est paradoxal de devoir compter sur eux pour monter ?
Non, non, on ne compte pas du tout sur eux (sourire). On veut le titre, on veut être champions. A Limoges, comme à Pau, on s'est construit sur des titres. Nationaux et internationaux. Il y a peu de clubs en France qui peuvent en dire autant. Malheureusement pour Roanne, on l'a vu ce weekend (lors du Final Four Eurochallenge – Roanne 3e). Ici (à Gottingen), tout le monde connait le CSP. Sans faire injure à Roanne, qui est une meilleure équipe que nous, ce n'est pas leur cas.

- Si finale il y a entre vos deux clubs, elle serait honorifique car vous monterez alors automatiquement tous les deux en Pro A (le champion et le 1er de la saison (Pau) accèdent à la Pro A)
Oui et ça serait une belle finale. Eux y sont déjà. Nous, non. Alors il ne faut surtout rien s'imaginer avant le début des playoffs, ne pas penser trop tôt à retrouver Pau. Le chemin est très long, ça va être intense. Avec Pau, nous avons les deux meilleurs effectifs, on a essayé de répondre aux problèmes survenus pendant la saison et je crois que notre équipe est très compétitive.

- Comment vous expliquez que Pau vous ait distancé de la sorte ?
Le sport reste du sport, vous savez. On a connu deux gros trous noirs cette saison, l'un en février, l'autre en avril. C'est très compliqué à gérer. On a perdu des matches que l'on aurait du gagner. A Nanterre, à St-Vallier, à Quimper. Comment je l'explique ? Pfoooou. On a eu une première période fébrile où on a perdu notre basket alors on a décidé de redistribuer les cartes en faisant venir Braswell et Weis. Et puis en avril, l'équipe a été prise de doute. On avait à peu près assuré la 2e place, on pensait trop aux playoffs, on était trop sûrs de nous.

- Depuis combien de temps êtes-vous président ? Ressentez-vous de la lassitude à force de ne pas réussir à accéder à la Pro A ?
Je suis en place depuis 6 ans. Parfois, c'est pesant. On a tous envie de franchir cette première marche, c'est à dire remonter en Pro A. Moi, en terme de sensations, j'ai envie d'y aller très vite mais ça prend du temps. Nous savons que Limoges est prêt à retrouver la Pro A même si c'est dur. Le club est stable financièrement, bien structuré. Cette année, on s'est plus concentré sur le sportif que sur l'administratif car je pense qu'on est prêts.

- Le public limougeaud a la réputation d'être exigeant
Oui, le public est pressé mais nous aussi. On aimerait pouvoir expliquer pourquoi ça ne va pas aussi vite qu'espéré. Parfois, des facteurs font que tout ne s'est pas enclenché. Mais, ce qui est sûr, c'est que nous, on pense que notre place est en Pro A. On est mal placés pour le dire mais c'est ce qu'on pense au fond de nous.

- Quelles erreurs avez-vous commises ?
Déjà, on a tous fait notre mea culpa et on a cherché à apprendre de nos erreurs. Quelles sont-elles ? Sans doute, a-t-on voulu aller trop vite, prendre les meilleurs joueurs à droite et à gauche sans qu'ils soient forcement complémentaires. Magic Johnson disait que le champion n'était pas l'équipe aux meilleurs individualités mais au meilleur collectif. Le groupe qui est monté de Nationale 1 était sans doute limite en Pro B. J'étais trop impatient en raison des attentes du public. On avait ce sentiment de légitimité, que notre place était en Pro A. Mais il faut d'abord réapprendre à marcher. Je nous comparerai à un grand blessé qui sort de l'hôpital et qui veut courir.

- Qu'est ce qui vous rend si sûr de vous ?
On ne peut pas avoir vécu des titres pendant 15 années, avoir rencontré les meilleurs du monde sans qu'il en reste quelque chose. C'est dans les gênes du club. Si les joueurs ne peuvent pas vivre avec ça, il ne faut pas venir à Limoges. Il y a une telle envie de réussir dans ce club, une telle énergie, je trouve ça magnifique. Gagner ici, ce sont des moments inoubliables. Limoges, c'est le basket. Notre montée éventuelle, c'est important pour le basket français même si on est mal placés pour le dire. Aujourd'hui, on peut simplement véhiculer une image, celle de la culture de la gagne. Avoir toujours la volonté de remporter un titre de plus.

- Quelle est la situation d'Eric Girard ? Voulez-vous construire avec lui sur du long terme ?
Le coach a un contrat à tiroirs. Un an renouvelable automatiquement s'il remplit les objectifs fixés en début de saison, cette année, la montée. Je ne retiendrai jamais personne contre son gré. A Limoges, l'ambiance est incroyable mais on ne peut pas prendre que les bons côtés. Il faut de la rigueur, de l'exigence.

- Est-il menacé ?
Non, non, pas du tout, ça va très bien. Je dis juste qu'il faut un mariage d'amour quand on entraîne ce club. Il faut trouver un prototype de gens qui supportent la pression. Ca pèse. A Limoges, l'attente du public reste toujours la même. Que ce soit le Pana ou St-Vallier. On doit savoir rester conscient de ce que l'on est. Des joueurs, un président et un club de Pro B. Il n'y a que le public qui est digne de l'Euroligue.

- Les Américains qui ne connaissent pas le contexte, forcément, sont-ils déstabilisés ?
Oh non. Eux, ils adorent l'ambiance, le show. Ils vivent ça comme une salle passionnée, ils sont ravis. Ce sont certains joueurs français qui ont plus de mal. Ils comprennent vite. Cette année, tenez, premier entraînement, 800 personnes. Il y en a certains qui jouaient à peine devant autant de monde en match dans leur club précédent. Les gens ont envie de nous aider, de nous supporter, d'être avec nous

- Comprenez-vous que le public soit si difficile ?
Bien sûr. Les spectateurs sont sans doute plus déçus que les joueurs eux-mêmes. C'est leur vie. Ils ont grandi avec. L'histoire se transmet de génération en génération. Une anecdote. Je passe au secrétariat avant le match contre Pau. Je rencontre un papi de 60 ans qui emmène son petit-fils, environ 10 ans, pour la première fois à Beaublanc. Il me dit que ça fait 4-5 ans qu'il attend car il voulait que le premier match du gamin soit un Limoges-Pau. Pour qu'il comprenne la passion, pour qu'il sache pourquoi on parle autant de ça à table le dimanche. C'est ce qui nous oblige à être toujours meilleurs et si le public grogne, c'est normal, ça fait partie du jeu.

2 commentaires:

  1. CSP for ever !!!!!!!!!!!!!!!!

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  2. J ai des frisson en lisant ça.Je suis né a Tours est pourtant mon coeur est à Limoges... A cause moi aussi d'un grand-père et d'un père..
    Vivement la pro A, qu'on se rappel les ambiance à 8000 personnes dans beaublanc :) :)

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