dimanche 12 septembre 2010

Istanbul - Basket - Mike Krzyzewski, portrait d'un coach champion du monde

Avec sa coiffure toujours impeccable, ses chaussures bien cirées et son polo bien repassé, Mike Krzyzewski, le coach américain, fait flotter dans l'atmosphère un petit goût rétro franchement délicieux. En sa compagnie, on se croirait revenu 50 ans en arrière, à l'époque du président Kennedy. On l'imagine le soir rentrer dans sa villa, en banlieue, avec sa femme, ses enfants, son chien. Le week-end, aller à la paroisse. Bref, un Américain comme on n'en voit plus que dans les films d'époque.

Ses conférences de presse sont toujours amusantes à suivre car le style ne varie guère. Tout d'abord, il félicite vivement l'équipe adverse et surtout le coach, qui, opportunément, est justement assis à ses côtés. La Slovénie en poules, a un public "extraordinaire", la Russie est une équipe "terrific", avec des joueurs "terrific" et un coach "qui nous a montré comme une équipe doit être coachée."
Quant à la Lituanie, "je pense qu’aucune équipe que nous avons rencontré n’a joué avec autant de coeur."

La flagornerie a ses limites mais même quand il se lâche, Coach K reste dans la lignée de l'Amérique éternelle. Quand on lui demande si jouer l'Iran signifie quelque chose, il répond que oui et se réfère à une rencontre de 1973 qu'il a jouée à l'époque de la Guerre Froide. Sauf que de ce temps-là, l'Iran du Shah n'était pas franchement hostile.

Et ne lui parlez pas de la Russie, dont le vilain coach est un Américain qui est passé de l'autre côté d'un mur qui n'existe plus. Sauf pour lui. "Il n'a plus la mentalité américaine. Pour moi, c'est un Russe maintenant." Le même « Russe » dont il dira le plus grand bien deux jours plus tard. Sa communication est extrêmement bien huilée, il ne faut juste pas l'embêter avec les communistes !

Grand bonhomme, grand coach universitaire avec Duke depuis toujours, champion olympique en 2008, il a inventé une tactique pour le jeu FIBA en évoluant systématiquement avec un seul intérieur et en plaçant au poste "4" un ailier NBA surdimensionné (LeBron James à Pékin, Kevin Durant à Istanbul). Homme intelligent, il a retenu la leçon de sa défaite lors du Mondial 2006 face à la Grèce et "son numéro 5", méconnaissance de l'adversaire qui lui fut largement reprochée. Cette année, l'entraîneur américain ne connait peut-être pas beaucoup mieux les équipes européennes mais au moins, il fait semblant.

Ce n'est pas le cas de tous ses joueurs. Le meneur Derrick Rose a avoué après la demi-finale qu'il ne connaissait ni Turquie ni Serbie, potentiels adversaires en finale. Gageons que Coach K leur a concocté une petite séance video dimanche matin.

Ce soir, il est champion du monde. Respect.

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